Point Dette - 01/09/20

Retrouvez notre Point Marché Express Dette hebdomadaire, rédigé par les économistes de la salle des marchés Arkéa.

La révolution monétaire selon la FED

 

Les rendements des obligations souveraines se sont légèrement redressés depuis la mi-juillet dans les économies « cœur » de la Zone euro, en lien avec la baisse des craintes des investisseurs, suite à l’accord (17 juillet) autour du plan de relance européen de 750 Md€ et la publication d’indicateurs conjoncturels globalement meilleurs qu’anticipé, notamment en Allemagne. Depuis, les rendements à 10 ans se sont redressés de près de 4 points de base (pb) pour le Bund allemand (autour de -0,4%) et de 3 pb pour l’OAT française (à environ -0,11%). A contrario, les économies « périphériques » bénéficient de ce mouvement et observent une baisse de leurs coûts de financement, à l’instar du Bono espagnol de même échéance, qui recule de 3 pb (autour de 0,39%). Cette évolution est encore plus prononcée pour le BTP italien, qui perd près de 16 pb (autour de 1,11%) et évolue proche de son plus bas niveau depuis le début de la crise sanitaire.

 

Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale américaine a annoncé en fin de semaine dernière une révision de sa stratégie monétaire vis-à-vis de l’inflation et de l’emploi. Cette décision a été adoptée à l’unanimité par les membres du Conseil des gouverneurs. Le Président de la Fed, Jerome Powell, a reconnu qu’un faible taux de chômage n’impliquait pas nécessairement de pressions inflationnistes, lors du traditionnel symposium des banquiers centraux de Jackson Hole (27-28 août), pendant lequel les spécialistes de la politique monétaire ont débattu de son adéquation avec les réalités économiques actuelles. Cette nouvelle approche concernant l’objectif de stabilité des prix rompt avec une vision monétaire de plus de 30 ans, de façon cohérente avec l’approche « pragmatique » privilégiée par Jerome Powell, notamment en 2019. Il a également souligné les risques que représentait une inflation durablement faible. En conséquence, la cible d’inflation à long terme reste à 2%, mais l’autorité monétaire américaine autorisera désormais cette dernière à passer au-delà de ce seuil à court terme, lors des périodes d’expansion, de façon à s’assurer que les prix progressent « en moyenne » autour de cet objectif. Jerome Powell a également annoncé que l’objectif prioritaire de la Fed devenait le plein emploi, contre la stabilité des prix précédemment, en justifiant : « Le plein emploi est un objectif large et inclusif. Ce changement exprime notre appréciation des avantages d’un marché du travail fort, en particulier pour les revenus modérés. ». De façon analogue à l’inflation, l’autorité monétaire ne réagira donc plus systématiquement lorsque le taux de chômage sera inférieur à son niveau structurel.

 

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