Point dette - 19/10/2021
Pression sur les taux
Après une légère détente, la pression sur les taux est de retour en ce début de semaine et cela malgré des incertitudes qui pèsent sur la croissance américaine. Le rendement à 10 ans allemand évolue proche de ses plus hauts de la semaine dernière (-0,11%), tandis que son équivalent américain est repassé au-dessus de 1,60%. La thématique inflationniste et les anticipations de politiques monétaires restent au coeur de l’actualité.
Pourtant, les dernières informations conjoncturelles américaines déçoivent. L’indicateur de mesure instantanée trimestrielle de l’activité aux Etats-Unis (indice GDP Now de la Fed d’Atlanta) ne cesse d’indiquer un ralentissement marqué de l’activité au troisième trimestre. Ainsi, alors que le rythme d’activité au 3e trimestre était estimé à 6,3% en rythme annualisé début août, la prévision est maintenant de seulement 1,2%. Ce chiffre serait le pire depuis le quatrième trimestre 2018 (hors premier semestre 2020). Depuis une semaine, les déceptions sont nombreuses, la production manufacturière a reculé de 0,7% le mois dernier et sur un mois (après une baisse de 0,4% en août). Plus globalement, la production industrielle recule de 1,3% en septembre, après une légère baisse en août (-0,1%) mais reste en hausse de 4,6% sur un an. L’activité est lourdement pénalisée par la chute d’activité dans le secteur des utilities (service des collectivités, -3,6% sur le mois), et dans le secteur minier, encore pénalisé par le passage de l’ouragan Ida (-2,3%). Le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie est en baisse, à 75,2% (contre 76,2 en août et 78,2% en moyenne de long terme. Les pénuries de matières premières poussant les entreprises à réduire leur production malgré une demande forte. Vendredi dernier, l’une des mesures de la confiance des ménages américains, l’indice Michigan, était ressortie à un niveau inférieur aux attentes à 71,4 contre 73,1 attendu.
En Zone euro, les rendements obligataires suivent une dynamique similaire à celle des Etats-Unis. La semaine prochaine, Christine Lagarde s’exprimera dans le cadre de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). L’évolution actuelle des anticipations de marché laisse penser que la BCE pourrait agir dès fin 2022 sur ses taux. Cette évolution se fait le reflet de la forte tension actuelle sur les prix, mais a priori n’est pas la volonté de la Présidente de la BCE. Son discours s’annonce donc compliqué puisqu’il lui faudra convaincre le marché que la BCE peut attendre pour resserrer sa politique monétaire, contrairement à la plupart des Banques centrales de la planète. Par exemple au Royaume-Uni, le marché mise désormais sur une hausse de taux d’intérêt rapide et forte. Andrew Bailey, le Président de la Banque d’Angleterre, a affirmé dimanche que son institution pourrait être en position de devoir agir pour maîtriser l’inflation grimpante. A l’inverse, le gouverneur de la Banque de France, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, François Villeroy de Galhau, a indiqué ce mardi qu’il n’y a pas de raison que la BCE augmente ses taux d’ici la fin de l’an prochain.