Point dette - 18/05/2021

Retrouvez notre Point Marché Express Dette hebdomadaire, rédigé par les économistes de la salle des marchés Arkéa.

La hausse des prix est-elle durable ?

 

En avril, l’inflation de la Zone euro progresserait de 1,6 % sur un an (après 1,3% en mars, le chiffre définitif sera connu ce mercredi). Pour autant, «il n’y a aujourd’hui aucun risque de retour durable de l’inflation en Zone euro et donc il n’y a aucun doute que la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) restera très accommodante pour longtemps». La dernière déclaration de François Villeroy de Galhau, le Gouverneur de la Banque de France et membre du directoire de la BCE, a pour but d’apaiser des marchés nerveux alors que les rendements obligataires continuent d’augmenter en Zone euro. A 10 ans, le rendement de la dette française a progressé de 30 points de pourcentage depuis un mois, une telle progression n’avait pas été enregistrée depuis mars 2020, lors du premier confinement. De même, ce lundi aux Etats-Unis, Robert Kaplan, le Président de la Réserve fédérale (Fed) de Dallas, a déclaré ne pas s’attendre à voir les taux d’intérêt de la Fed remonter avant 2022. Cette déclaration fait suite à la publication de l’inflation sur le marché américain. Elle a connu une nette progression en avril, sous l’effet d’un fort effet de base, un an après le déclenchement de la pandémie de Covid-19. Toutefois, l’ampleur de ce rebond a largement surpassé les anticipations du marché : les prix à la consommation (CPI) ont augmenté de 4,2% sur un an (après +2,6% en mars), contre 3,6% attendus.

Si l’inflation ne cesse d’augmenter dans le monde depuis le 1er janvier, un palier a probablement été atteint en avril. En effet, les prix de l’énergie y ont progressé de 160% sur un an, car le cours du baril de pétrole s’était effondré en avril 2020 (25$ en moyenne sur le mois pour le Brent) avant d’entamer une remontée. La contribution de l’énergie à la hausse des prix sera donc plus limitée dans les prochains mois. Les marchés resteront toutefois sous tension car ce constat n’est pas suffisant pour affirmer que la hausse est terminée. Le prix du transport maritime (fret) continue d’augmenter, le prix du cuivre n’a jamais été aussi élevé depuis 2008 et les entreprises américaines et européennes déclarent massivement (niveau record pour les PME américaines), dans les dernières enquêtes, qu’elles augmenteront leurs tarifs dans les prochains mois. Ces augmentations ont néanmoins un caractère temporaire car elles mettent en lumière un déséquilibre de court terme entre la demande (stimulée par la reconstitution de stock notamment) et l’offre (encore grevée par le contexte sanitaire, comme pour les semi-conducteurs à Taiwan). Pour que l’inflation dure, il faudrait que la pression de la demande soit durable et donc qu’une boucle hausse des prix, hausse des salaires s’instaure.

 

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