Point dette - 16/11/2021

Retrouvez notre Point Marché Express Dette hebdomadaire, rédigé par les économistes de la salle des marchés Arkéa.

La BCE à contre courant 

 

Les divergences entre les anticipations de politique monétaire des principales banques centrales affectent encore peu les rendements obligataires. Les investisseurs restent rassurés par les propos des membres de la Réserve fédérale américaine (pourtant le « tapering » va commencer en décembre et deux hausses de taux directeurs sont anticipé en 2022 par le consensus), ou de la Banque centrale européenne (qui répètent rejeter toute idée de hausse des taux directeurs en 2022) et ne semblent pas effrayés par le risque inflationniste. Même si l’inflation est plus forte et durable qu’anticipé, notamment aux Etats-Unis (6,2% sur un an en octobre), le scénario d’une « inflation temporaire » est pour le moment toujours validé par les marchés. A titre d’exemple, le rendement de l’OAT française évolue autour de 0,10% tandis que le taux américain de même échéance se négocie autour de 1,60%.

 

Pourtant sur les marchés des changes, la livre britannique a rebondi ce mardi par rapport à l’euro, alors que la Banque d’Angleterre a noté son inquiétude devant la montée de l’inflation. Cette dernière n’envisage d’augmenter son taux directeurs en décembre, là où la BCE reste très prudente sur le sujet. L’euro est aussi sur un plus bas de 16 mois face au dollar, à 1,138$ (plus bas depuis le 17 juillet 2020). Les cambistes envisagent, en majorité, un rythme de resserrement rapide aux Etats-Unis pour faire face à la poussée inflationniste, alors que la BCE maintiendra inchangée sa politique. La Présidente de la BCE a estimé que la flambée des prix de l’énergie et les goulets d’étranglement persistants dans les chaînes d’approvisionnement freinent la croissance de la Zone euro et devraient maintenir l’inflation à un niveau élevé plus longtemps que prévu. Christine Lagarde a cependant continué à repousser les anticipations du marché sur un resserrement de la politique monétaire, réaffirmant que les conditions préalables à une hausse des taux ne seront probablement pas réunies l’année prochaine : « Je ne pense pas que je m’aventurerai pour 2023, mais pour 2022 certainement je répète ce que j’ai dit ». En clair, un changement d’orientation de la politique monétaire n’est toujours pas à l’ordre du jour. Outre la politique monétaire, d’autres facteurs pèsent actuellement sur la monnaie : les tensions en Ukraine et avec la Biélorussie et la dégradation de la situation sanitaire en Europe. La situation dans l’UE est considérée comme « très inquiétante » dans 10 pays, selon l’Agence européenne chargée des maladies, et inquiétante dans 10 autres. Le taux d’incidence de l’épidémie de Covid-19 en Allemagne a atteint son plus haut niveau depuis le début de la pandémie (303 infections pour 100 000 habitants), et de nouvelles mesures pour endiguer la propagation du virus devraient être appliquées. En Autriche, les personnes non vaccinées ont l’obligation depuis ce lundi de se confiner afin d’éviter une saturation des services de soins intensifs. De leur côté, les Pays-Bas limitent depuis samedi les horaires des bars, restaurants, supermarchés et commerces non essentiels. En France le pays est « en état d’alerte » sur le plan sanitaire avec la recrudescence des cas de Covid mais « aucun confinement n’est prévu aujourd’hui » d’après le gouvernement.

 

Retrouvez le point complet et les indicateurs de taux ici : 20211116 Flash_Taux