Point dette - 13/10/2020
La Banque d’Angleterre réfléchit aux taux négatifs
La Banque d’Angleterre (BoE) a demandé aux banques britanniques d’étudier les conséquences d’un éventuel passage des taux directeurs en territoire négatif. Pour rappel, le principal taux directeur de la BoE est actuellement à 0,1%, son plus bas niveau historique. Dans un courrier adressé aux Présidents de banques, l’autorité monétaire a demandé aux établissements de crédit de répondre avant le 12 novembre à la question : » nous sollicitons des informations détaillées sur la capacité actuelle de votre société à opérer avec un taux directeur nul, un taux directeur négatif ou un système de rémunération des réserves par paliers, ainsi que sur les
mesures que vous devriez prendre pour préparer leur mise en application ». La Banque centrale précise toutefois que cette réflexion ne signifie pas que le taux directeur serait effectivement ramené à zéro ou en territoire négatif. Elle vise à se préparer à toutes les éventualités, notamment du point de vue opérationnel et technologique. En effet, le courrier n’évoque en rien la question de l’impact des taux négatifs sur la rentabilité bancaire.
En Zone euro, le recul de l’inflation en septembre tend à renforcer les anticipations des marchés concernant d’éventuelles nouvelles mesures d’assouplissement de la Banque centrale européenne, alors même que le rebond de l’activité tend à s’affaiblir et que l’épidémie accélère sur le vieux continent. En Allemagne, l’indice des prix harmonisé au niveau européen (HCPI) a ainsi reculé de 0,4% en septembre (en glissement annuel, après -0,1% en août), très en dessous de la cible de l’autorité monétaire (inflation inférieure mais proche de 2%). De même, en France, les prix demeurent in extremis hors du territoire négatif (+0,0% après +0,2% en
août) selon les estimations préliminaires de l’Insee. Pourtant, le très conservateur Gouverneur de la Banque nationale allemande (Bundesbank ou Buba), Jens Weidmann, affirme qu’il n’y a toujours aucune raison d’assouplir davantage la politique monétaire. Dans une interview publiée la semaine dernière, Jens Weidmann estime que les mesures déjà mises en place sont appropriées et devraient permettre à l’économie d’enregistrer des performances supérieures aux attentes : passé le rebond en 2021, la BCE prévoit une croissance de 3,2% en 2022 avec une inflation de 1,3%. Le Gouverneur « faucon » déclare également douter de la
pertinence d’inclure les actions dans le cadre du programme d’achats d’actifs de la BCE (QE) ou encore de laisser l’inflation dépasser temporairement la cible de 2%, à l’image de la Réserve fédérale américaine. Le Gouverneur de la Buba prévient enfin qu’une éventuelle extension du PEPP (plan pandémique de la BCE) ferait probablement l’objet d’un recours devant la Cour constitutionnelle allemande.