Point dette - 05/10/2021
Les prix grimpent
Les rendements des obligations souveraines évoluent à des niveaux proches des sommets atteints jeudi dernier, soutenus par la hausse des prix du pétrole (82,4$ le baril de brent), qui atteignent un pic de trois ans. Le renchérissement de l’énergie attise depuis quelques semaines les inquiétudes autour de l’inflation et d’un éventuel resserrement des politiques monétaires. Ainsi, le vice-président de la Banque centrale européenne, Luis de Guindos, a souligné lundi que certains des facteurs inflationnistes (goulets d’étranglement, prix de l’énergie, etc.) avaient un impact « structurel » et pourraient conduire à des revendications salariales qui alimenteraient de nouveau l’inflation. Ce contexte favorise une hausse des anticipations d’inflation à moyen terme (swap d’inflation à 5 ans, dans 5 ans), qui atteignent leur plus haut niveau en Zone euro depuis mi-2015, à 1,834%. Ainsi, Au cours des deux derniers mois, le rendement à 10 ans des obligations d’Etat a progressé de près de 25 points de base (pb) en France (à 0,14%) et en Allemagne (à -0,2%), et de 30 pb aux Etats-Unis (à 1,52%).
La nouvelle hausse des cours de l’or noir s’explique en partie par les dernières déclarations de l’Opep+, qui a réaffirmé ce lundi ses engagements passés concernant une hausse très progressive de la production de pétrole, malgré le renforcement récent des tensions sur les prix énergétique. Pour rappel, plusieurs pays (Etats-Unis et Inde notamment) avaient demandéune augmentation substantielle de l’offre de façon à atténuer la progression des cours, considéré comme un risque pour la reprise économique. Finalement, le cartel élargi augmentera comme prévu, à partir de novembre, sa production de seulement 400 000 barils par jour, au moins jusqu’en avril 2022.
Par ailleurs, les difficultés du secteur de la construction se précisent en Chine : après Evergrande, un second promoteur immobilier, Fantasia, n’a pas honoré ce lundi ses engagements financiers. Ce constructeur de second plan (73e promoteur chinois), spécialisé dans l’immobilier haut de gamme, n’est pas parvenu à rembourser ses obligations arrivant à échéance, pour un montant d’environ 206 millions de dollars (177 millions d’euros). Cette nouvelle a aussitôt entraîné une réaction des agences de notation, à l’image de Fitch, qui vient de dégrader de quatre niveaux la note de Fantasia (de B à CC-), soulignant la forte probabilité d’un défaut de paiement. Plus globalement, l’échéance manquée de Fantasia s’est immédiatement traduite par une forte hausse des taux sur le marché de la dette à haut rendement (high yield), où les entreprises les moins bien notées se financent. Selon Bloomberg, il s’agit de la plus forte correction en Chine depuis au moins huit ans.